Une animatrice radio
La
libéralisation du paysage médiatique a ouvert la porte à plusieurs jeunes qui
nourrissaient la passion du micro. Ils sont des centaines de jeunes pour la
plupart formés sur le tas à faire vibrer le public togolais. Journalistes,
animateurs, et techniciens, les hommes de la radio fascinent toujours le public
qui malgré le développement des nouveaux médias et surtout des réseaux sociaux apprécient
toujours les magiciens du son.
La
radio est omniprésente dans le quotidien du Togolais. Elle résonne dans chaque
ménage, au bureau ou même dans la rue, les Togolais ont une oreille collée à leur
poste radio ou un écouteur dans les oreilles qui, pour suivre les émissions qui,
pour écouter de la musique.
Les
heures de fortes audiences de la radio sont les matins de 7h à 9h, la
mi-journée entre 11h et 13h et les après
midi entre 16h-17h. Les émissions débats sur les sujets politiques sont très
appréciés et les faits de société.
La
radio est un métier qui aujourd’hui se rajeuni. La moyenne d’âge des
journalistes, animateurs et techniciens de radio tourne autour de la trentaine.
Chacun de ces hommes de médias a une histoire particulière qui l’a lie à la
radio.
Désiré
HEGBE, totalise presque 20 ans d’expérience dans le domaine. Journaliste-animateur,
il réalise plusieurs émissions dont « Gros
plan »,
« Miroir de la société », « Administration au quotidien » sur
la radio mère, radio Lomé. Il est passé par l’émission « Fréquence jeunes », comme la
plupart des passionnés de la radio de l’époque. « Je suis arrivé au journalisme par accident parce que quand j’étais sur
le banc je rêvais être un pilote de
l’air », se plait-il à dire.
Après
ces années de stage à radio Lomé, le baccalauréat en poche, il commence en tant que temporaire sur la radio mère. Dix
ans après il sera intégré sur un contrat du gouvernement. Formé sur le tas, il
s’est finalement inscrit à l’Ecole de journalisme d’où il est sort nanti d’un
diplôme. Malgré tout sa situation n’a pas beaucoup évolué. « Globalement le salaire n’est pas
encore ça, c’est une situation générale qui nous préoccupe »,
se plaint-il.
Edith
Dak, est l’une des plus belles voix de la radio Victoire. Sa voix suave berce le matinal des auditeurs de cette
radio. L’animatrice et la radio de l’Excellence, c’est toute une histoire. C’est
un rêve qui s’est réalisé. « J’aime beaucoup l’animation, être en communication avec les autres,
faire plaisir aux autres, animer des émissions est ma passion », nous
a confié la jeune animatrice. A ses
débuts, elle a saisi sa chance au détour d’une annonce à la radio qui parlait
d’une formation en communication-journalisme pour les étudiants pendant les
vacances. Et elle a sauté sur l’occasion et depuis elle et la radio formatrice
sont liées par une idylle qui n’est pas prête de finir. « J’ai
suivi la formation et à la fin de la formation, j’ai suivi un stage dans ledit
organe. Après le stage j’ai eu quelques mois pour me perfectionner et donc mon
talent a été reconnu et j’ai été retenue.
C’est ainsi que j’ai commencé des émissions avec les animateurs. Je me suis
vraiment impliquée, j’ai fait beaucoup d’efforts, et puisque j’aime bien ce que
je fais, et voilà comment je suis arrivée à la radio », nous
raconte-t-elle quand nous l’avons croisé au sein de sa rédaction.
« Je suis arrivé à la radio en tant que journaliste par vocation et par
passion », entame Mileck AGBOKOU, journaliste à Radio Lomé. C’est depuis la classe de 4ème
qu’il confiait à ses parents qu’il sera
un jour journaliste dans un tel organe. Après ses études supérieures en
journalisme, ses prédictions se sont réalisées puisqu’il a été reçu à un concours officiel et engagé dans l’organe
de son rêve. « J’ai toujours
cette satisfaction morale de mon métier car je me sens à l’aise et trouve tous
les exercices de mon métier comme une passion », confie-t-il.
Même si son rêve s’est réalisé, on sent
une sorte d’amertume chez le journaliste lorsqu’on aborde les conditions d’exercice
du métier. « Je suis vite déçu par
la réalité du terrain. Les conditions de
travail pénibles, le métier est pauvre et est devenu aujourd’hui le métier de
tout le monde, il suffit de savoir lire et écrire ou être ami d’un journaliste
pour devenir un journaliste. Du n’importe quoi », regrette-t-il sur un
ton amer.
Innocent
AGBLEWONOU est le président de l’Association des journalistes sportifs indépendants
du Togo (AJSIT), il est l’un des doyens de la discipline sportive au Togo. Sportif
et enseignant d’éducation physique, il s’est tout naturellement spécialisé en
sport lorsqu’il a été mordu par le virus du micro. C’était en 2001 lorsque la
radio Victoire a été créée. Mais bien avant c’est sur les terrains du lycée que
ces camarades découvraient ses talents de commentateur de match. Avec pour modèles les journalistes sportifs tels
que Eklu Agbé Agbé, le doyen Mensan Gnamey, Olabiré Da Cruz qui commentaient
des matchs sur la mère des radios, il n’a pas hésité un seul instant à leur
emboiter le pas lorsque la radio Yta Jourias a été créée. A côté de Carlos
KETEHOU et Gilles BOCCO, il présentait la page sportive. Ainsi formé sur le
tas, il s’est perfectionné dans le domaine grâce aux séminaires de formation
qui pullulaient dans le temps.
« Quand radio victoire a ouvert ses portes, c’était le
bon canal d’exprimer réellement cette volonté de faire la radio surtout qu’on
avait des modèles qui faisaient les commentaires
sur radio Lomé à l’époque », nous a-t-il confié.
Aujourd’hui,
chef desk Sports sur sa chaine de radio, Innocent, l’animateur principal de l’émission
sportif « Fou de foot », l’émission
la plus écoutée par le public sportif togolais et dans le monde entier.
Ses
passions sont les commentaires de matchs et les investigations. Mais la crise
qu’a connue entre-temps le secteur sport dans notre pays n’ont pas été faciles
à gérer pour quelqu’un qui se spécialise dans les enquêtes. Ainsi il a reçu
plusieurs menaces.
Malgré
les difficultés inhérentes à l’exercice de cette profession, ceux qui l’exercent
ne sont pas logés à la bonne enseigne. Ce que regrette Mileck AGBOKOU.
« Dans la sous région, seuls les journalistes
togolais sont moins payés. Mais quoiqu’on en dise je me plais dans ce métier
car c’est un métier noble. Ça permet d’avoir un agenda riche et il m’ouvre beaucoup des portes. Grâce à ce métier
je découvre les quatre coins du monde », conclut-il néanmoins sur une
note d’espoir.
Désire
HEGBE trouve passionnant de faire le journalisme, de réécouter sa voix, d’aller
à un reportage et faire vivre les auditeurs au cours d’un événement. « C’est passionnant de rencontrer des gens de
classe exceptionnelle. J’ai rencontré plusieurs chefs d’Etat africains grâce à ce métier
». Et de poursuivre : « en
journalisme, c’est le travail de terrain. Aujourd’hui, on peut te voir en jean pantalon
dans une saleté pas possible, moins d’une journée plus tard, vous êtes en
veste. C’est un changement de situation qui met bien à l’aise les journalistes ».
Innocent
AGBLEWONOU trouve que les appréciations, les estimes du public ne manquent pas
à son endroit mais pour lui au lieu que cela ne soit une occasion de s’en enorgueillir,
c’est plutôt une occasion de se remettre en cause et chercher à mieux faire.
Communiquer
avec les auditeurs, leur donner du plaisir, c’est ça qui passionne Edith DAK et
elle trouve très relax l’animation. Même si elle pense que côté salaire ce n’est
pas encore ça. « Il faut être
vraiment très passionné pour faire ce métier parce que ce n’est pas du tout ça.
En tant que jeunes, nous rêvons travailler pour vivre et non survivre, profiter de la vie
mais avec la radio ce n’est pas le cas avec un salaire dérisoire. C’est un
sacrifice que nous faisons et comme on prend plaisir à le faire on ne sent pas
vraiment ce côté sinon c’est un métier que j’adore. Je rêve même aller
poursuivre ailleurs parce que ailleurs ce n’est pas la même chose qu’ici »,
souligne la jeune animatrice.
Avec
plus d’une dizaine d’année d’expérience dans le monde de la radio, la tête du
président de l’AJSIT fourmillent de plusieurs souvenirs.
Aujourd’hui
avec le développement des nouvelles technologies, l’exercice du métier devient
plus aisé.
Avant
pour diffuser un match, nous relate-t-il, « il
fallait relier plusieurs mètres de fils téléphoniques à une cabine située en
dehors du stade jusqu’à la tribune. Et malheur à vous si la tonalité n’est pas
dans le combiné, il fallait y remédier à
temps ». Et de poursuivre « Nous étions à l’époque devenus comme ça des
journalistes et techniciens en télécommunication. Et à la fin du match, vous allez
payer les impulsions au niveau de la cabine. Dieu merci, le téléphone illico
est venu et le coût est devenu moins cher ».
Mordu
du foot, le doyen Innocent se rappelle encore ce match des Eperviers contre les Lions
indomptables du Cameroun délocalisé à Accra au Ghana. Après avoir retransmis le
match en direct sur sa radio, il doit rentrer le soir au bercail. Mais il était
déjà 22h et à l’époque la frontière officielle entre le Togo et le Ghana était
fermée. Certains jeunes l’ont conduits aux frontières secondaires moyennant
quelques jetons mais « à peine
avais-je mis pieds hors les barbelés qu’un militaire côté togolais m’attendait,
arme pointé sur moi et m’interpellant dans la pénombre « c’est
qui ». Tout tremblant j’ai décliné mon identité. S’il avait eu plutôt la
main sur sa gâchette me prenant pour un contrebandier j’imagine ça ne pouvait
qu’être fatal pour moi », conclut-il.
Malgré
ces difficultés, chaque année des dizaines de jeunes rejoignent la profession. Pour
la plupart comme leur ainés formés sur le tas mais d’autres plus chanceux
sortent des deux universités qui forment dans le domaine. Parmi eux, Brigitte
SESSO, étudiante à ISICA, elle nourrit l’espoir après sa formation faire la
radio car dit-elle, « la radio est un outil puissant de communication, un vrai média de proximité, plus accessible que la télé,
l'Internet et la presse écrite, elle s'impose
partout .J'ai choisi faire le
journalisme parce-que c'est une passion
incontournable pour moi ».
Le
rêve de tout ce monde est que leurs conditions de vie et de travail soient améliorées
pour leur permettre de vivre pleinement de leur passion.
So/03/02/19
Clarisse AFANOU
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