Une alimentation saine ne doit pas ĂȘtre un luxe pour les Africains


MĂȘme avant l’apparition de la COVID-19, l’Afrique Ă©tait dĂ©jĂ  confrontĂ©e Ă  une crise d’accĂšs aux aliments sains et frais
La faim progresse dans toutes les rĂ©gions d’Afrique, en particulier en Afrique subsaharienne, et une alimentation saine est devenue un luxe qui est hors de portĂ©e de nombreux Africains.
MĂȘme sans prendre en compte les effets de COVID-19, l’Afrique est loin d’atteindre l’objectif convenu d’Ă©liminer la faim Ă  l’horizon 2030.
Les preuves sont frappantes. Cette semaine, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en collaboration avec quatre autres agences des Nations Unies, a fait paraĂźtre le rapport L’État de la sĂ©curitĂ© alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI), qui est le rapport mondial le plus fiable dans ce domaine.
Le rapport a rĂ©vĂ©lĂ© que l’Afrique prĂ©sente la plus forte prĂ©valence de la sous-alimentation – plus que le double de la moyenne mondiale – et, comparĂ©e aux autres rĂ©gions, elle enregistre la croissance la plus rapide du nombre de personnes souffrant de la faim. Si les tendances rĂ©centes persistent, l’Afrique devancera l’Asie en 2030 et deviendra la rĂ©gion comptant le plus grand nombre de personnes sous-alimentĂ©es, soit la moitiĂ© du nombre total.
Cela représente une énorme perte de potentiel pour les individus, les communautés, les économies et les nations.
La COVID-19 vient aggraver le problĂšme. À cause des perturbations de l’approvisionnement alimentaire et des moyens d’existence, de nombreux mĂ©nages ont de plus en plus de difficultĂ©s Ă  avoir accĂšs aux aliments nutritifs, en particulier les plus pauvres et les plus vulnĂ©rables. Les projections prĂ©liminaires prĂ©sentĂ©es dans le rapport suggĂšrent que la pandĂ©mie de COVID-19 pourrait faire augmenter le nombre de personnes sous-alimentĂ©es dans le monde de 83 Ă  132 millions de personnes.
Une alimentation saine ne doit pas ĂȘtre un luxe
Le coĂ»t d’une alimentation saine est supĂ©rieur au seuil de pauvretĂ© international, ce qui signifie que les personnes qui gagnent moins de 1,90 dollar par jour n’ont pas les moyens pour consommer suffisamment de calories et de nutriments provenant de divers groupes d’aliments.
ComparĂ© Ă  la situation d’autres rĂ©gions, ce manque de moyens pose le plus grand dĂ©fi en Afrique, oĂč presque un milliard de personnes n’ont pas les moyens d’avoir une alimentation saine.
On estime que plus de 80 pour cent de la population en Afrique de l’Ouest n’ont pas les moyens de s’offrir une alimentation saine, ce qui reprĂ©sente le pourcentage le plus Ă©levĂ© au monde. En Afrique subsaharienne, une alimentation saine coĂ»te 3,2 fois plus que le seuil de pauvretĂ©, et la situation est encore pire dans les pays confrontĂ©s Ă  une crise prolongĂ©e comme les conflits.
Le seuil de pauvretĂ© lui-mĂȘme doit ĂȘtre revu afin d’inclure le coĂ»t des aliments nutritifs dans les besoins fondamentaux de la vie.
Des actions audacieuses pour éliminer la faim
Des actions audacieuses sont nĂ©cessaires pour transformer les systĂšmes alimentaires, rendre les rĂ©gimes alimentaires sains abordables et favoriser les progrĂšs vers la rĂ©alisation de l’Objectif de dĂ©veloppement durable consistant Ă  Ă©liminer la faim et toutes les formes de malnutrition Ă  l’horizon 2030.
Mais tout comme il n’existe pas un rĂ©gime alimentaire sain unique pour tous les pays, il n’existe pas non plus de solution unique Ă  la crise d’accĂšs aux aliments.
Les options en matiĂšre des politiques et des investissements doivent favoriser des transformations qui contribueront Ă  rĂ©duire le coĂ»t des aliments nutritifs et Ă  renforcer le pouvoir d’achat des pauvres.
Les politiques gouvernementales doivent s’efforcer de rĂ©duire le coĂ»t des rĂ©gimes alimentaires sains le long de la chaĂźne d’approvisionnement alimentaire, notamment en rĂ©duisant les pertes de nourriture. Il faudrait soutenir les petits producteurs pour faire arriver les fruits et lĂ©gumes sur les marchĂ©s Ă  faible coĂ»t. Le rapport de SOFI a montrĂ© que les investissements publics dans les rĂ©seaux routiers pourraient amĂ©liorer l’accĂšs aux aliments riches en nutriments en rĂ©duisant les coĂ»ts de transport en Afrique. L’on doit encourager les consommateurs, par le biais de l’Ă©ducation, Ă  changer de comportement, et la nutrition doit faire partie intĂ©grante des politiques en matiĂšre de protection sociale et d’investissement.
Si des mesures rapides ne sont pas prises pour inverser la tendance en matiĂšre de la faim et permettre un accĂšs facile aux rĂ©gimes alimentaires sains Ă  tous les Africains, les progrĂšs rĂ©alisĂ©s pendant des dizaines d’annĂ©es seront compromis. Nous ne devons pas permettre que cela se produise.  

Abebe Haile-Gabriel, Sous-Directeur gĂ©nĂ©ral et ReprĂ©sentant rĂ©gional pour l’Afrique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

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