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des Togolais, soit environ 1,5 million de la population totale, vit en dehors
du territoire national. Certains sont contraints à vivre à l’extérieur du Togo
pour leurs convictions politiques. En effet, en raison de leurs engagements
politiques, ces derniers sont devenus des exilés politiques. D'autres, ce sont
les motivations d’ordre professionnel ou académique qui justifient leur départ du Togo. Le goût de l’aventure ou de la
découverte ont poussé d’autres encore
à se mettre en congé momentanément avec la terre natale. Quelles que soient les
raisons qui ont poussé ces compatriotes à quitter le Togo, toujours est-il
qu’il est difficile de vivre en dehors de son pays comme l’avait écrit le poète
Euripide qui vécut vers 480 av J-C : « Il
n'existe de plus grande douleur au monde que la perte de sa terre natale ».
A 18 ans,
effectuer son premier voyage hors du continent qui l’a vu naître pour un pays
où la langue et les usages n’ont rien à voir avec d’où l’on vient n’est pas
chose aisée. Et pourtant, c’est le défi que
s’est lancé le jeune Fleury JOHNSON lorsqu’il choisit en 2011 d’aller
poursuivre ses études de médecine au Brésil. En saisissant l’opportunité à lui
offerte d’étudier au Brésil, Fleury ignorait beaucoup de choses sur son futur pays d’adoption.
Au pays de
la samba, la première difficulté à laquelle Fleury a dû faire face fut bien évidemment celle liée à la langue.
Ainsi, prit-il une année à
apprendre la langue avant d’intégrer l’année suivante la faculté qu'il avait choisie. Ce n’est qu’après
la maitrise du Portugais qu’il sera admis à la Faculté de médecine à
l’Université fédérale de Rio de Janeiro qui est, à n’en point douter, la meilleure faculté de médecine du Brésil,
mais également l’une des
meilleures de l’Amérique Latine.
« La langue au début a été un handicap parce
que quand on ne parle pas la même langue, c’est un peu difficile. Mais les
Brésiliens sont généralement accueillants. Ils essaient de t’aider à t’intégrer
», avoue Fleury. Mais tout est question de temps, continue-t-il. Après la
maitrise de la langue, tout est clair comme l’eau de roche car « le Portugais ressemble un peu au Français.
Donc, cela facilite
l’apprentissage », reconnait-il.
La
difficulté de la langue aplanie, Fleury a dû faire face comme tout jeune
étudiant à l’étranger aux problèmes financiers avec la particularité que la
faculté de médecine est une faculté assez
chère qui est fréquentée la plupart du temps par les enfants des riches, sans
oublier qu’au Brésil, la vie est extrêmement chère. Ne bénéficiant pas de la
bourse étatique, « j’ai dû finalement
avec le concours de la faculté postuler à une bourse que j’ai pu gagner. Ce qui
m’a permis de m’en sortir du mieux que je pouvais. À côté de cela, les cours de
français que je dispensais aux camarades et à d’autres personnes grâce aux annonces
faites sur le net et le soutien de mes parents m'ont beaucoup aidé. Tous ces
apports m’ont permis de survivre », raconte-t-il.
Depuis 9 ans
que Fleury a quitté le Togo, en raison de ses conditions économiques, il n’a
plus remis pied au pays. Même s’il est évident qu’aujourd’hui le jeune médecin
a terminé ses études, il est resté au Brésil pour la spécialisation avant de
rentrer.
L’UN DES RARES MEDECINS NOIRS DU
BRESIL
Aujourd’hui,
le jeune médecin togolais officie à l’hôpital de Rio de Janeiro. Au pays du Roi Pelé, voir un Noir médecin est
source de curiosité. La raison est toute
simple, il n’y a pratiquement pas de médecin noir au Brésil. Par conséquent, « les gens ne croient pas que je suis médecin.
Pour certains, je suis un infirmier ou un technicien de surface. C’est vraiment
difficile pour eux de croire que je sois
médecin. Mais quand ils se rendent compte que je suis vraiment un médecin ils
sont vraiment contents. Certains avouent que c’est la première fois qu’un
médecin noir les consulte et n’hésitent
pas à prendre des photos avec moi. Ça me touche énormément », précise tout
ému le jeune togolais.
Un médecin
noir au Brésil est également une source de fierté pour la communauté noire
brésilienne qui l’exhibe pour montrer aux Blancs que la race noire n’est ni une race maudite ni une race inférieure.
Cependant,
les Brésiliens connaissent peu du Togo. Toutefois, « je trouve les Brésiliens très sympas et ouverts. A l’image des pays
tropicaux, ils dégagent cette chaleur qui fait que tout étranger se sent à
l’aise chez eux, ça fait du bien de vivre ici », proclame-t-il.
Il y a une
communauté togolaise au Brésil, forte de trois milles personnes qui vivent majoritairement à Sao-Paolo et
à Rio. Cette communauté se retrouve de temps en temps, même si l’agenda
professionnel ne leur permet pas le plus souvent de faire des rencontres
physiques, le contact téléphonique est souvent maintenu.
C’est
également par ce contact et, surtout par les réseaux sociaux, que Fleury garde
le contact avec sa famille au pays et s’informe aussi de l’actualité du Togo.
« Ce qui me manque le plus du Togo, c’est la nourriture. Mais j’essaie de préparer
certains plats du Togo. Toutefois, il y a toujours quelque chose qui manque. La
famille aussi me manque beaucoup », indique le jeune médecin. Et de
poursuivre que le fait d’être « dans ton
propre pays est vraiment quelque chose d’extraordinaire. Tu peux beau aimer là où tu résides, aller et
revenir comme tu veux; mais tu
ne te sentiras à l’aise que dans ton propre pays. C’est là où tu peux dire que
je suis réellement chez moi », ajoute-t-il.
Même loin du
Togo, Fleury JOHNSON nourrit plein de projets pour son pays et il espère les
mettre en œuvre une fois rentré au pays. Médecin-chercheur, il fait des
recherches sur des populations noires au Brésil et il espère faire profiter à
son pays les résultats de ses
recherches. « On espère que quand un jour
le Togo nous appellera pour venir
travailler on sera prêts pour
donner le meilleur de nous-mêmes et contribuer au développement du Togo sur le
plan de la santé », conclut-il sur une note d’optimisme.
Albert AGBEKO
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